08/10/2021

Des nouvelles du tournage

                                                                                                          Le laboratoire P4 À Franceville (crédits: Kévin Vincent)

 

Pour les membres de la production et de la réalisation, l’œuvre documentaire est l’accomplissement de plusieurs mois de travail, parfois plusieurs années. Aussi, voir s’écouler le fruit de ces mois passés en quelques dizaines de minutes devant les yeux de ceux et celles qui le visionnent donne parfois un sentiment de vertige. On se rend compte du travail accompli, de la densité des échanges, des rencontres, des moments que l’on a vécu qui ne sont pas racontés dans le film, mais qui à nos yeux, transpirent irrésistiblement en sous texte, s’échappent des images.

 

Ce sont ces transpirations que nous souhaitons partager avec vous. Un plongeon dans les rouages de la production du film avec à la clé, une nouvelle perception du sujet. Alors comment se passe le tournage, quels sont les moments qui nous marquent, où en sommes-nous ?

 

Le tournage a commencé au printemps dernier. L’équipe est composée de Marie-Monique Robin, de Guillaume Martin (cameraman), de Kevin Vincent (cameraman), de Laurent Langlois (preneur de son et droniste) ainsi bien-sûr de Juliette Binoche, comédienne !

 

                                                                                                  Tournage aux États-Unis : vive le système D ! (crédits: Marie-Monique Robin)

 

Tous les membres de l’équipe sont expérimentés et nous gardons la même tout le long du tournage. Beaucoup nous ont demandé pourquoi nous ne faisions pas appel à des équipes de tournage sur place pour économiser les frais de déplacement. Pour nous, il est primordial que ce soit toujours la même équipe qui se déplace. D’abord pour des raisons éthiques : employer les intermittents sur l’ensemble du projet participe à leur assurer une stabilité financière. Et puis pour des raisons liées à la qualité du film : le fait qu’il y ait toujours les mêmes personnes permet la constitution d’une bonne dynamique de tournage, les mêmes qualités d’image ainsi qu’une cohérence globale dans la manière de filmer, c’est très important pour nous !

 

L’équipe a déjà filmé en France, en Suisse, au Mexique, en Guyane, au Gabon et aux États-Unis.  Organiser les tournages en temps de pandémie mondiale, ça n’est pas évident. Il faut faire des demandes supplémentaires pour justifier le fameux  « motif impérieux » de voyage à l’étranger, s’ajuster à la situation sanitaire du pays ainsi qu’aux contraintes qui l’accompagnent (test, quarantaines, etc). Chaque tournage est un pari et il nous arrive parfois d’obtenir la confirmation que le tournage pourra se faire, quelques jours avant le départ. Comme pour les États-Unis où nous avons obtenu le fameux « NIE (National Interest Exception) », sésame d’entrée pour ce pays trois jours avant le départ !

 

 

                                                                                                   Tournage au Mexique : Marie-Monique Robin en pleine action ! Crédit: Kévin Vincent

 

Les lieux de tournages sont souvent des lieux extraordinaires. Une des expériences les plus marquantes a été le tournage au Gabon. L’équipe y est allée pour rencontrer Gaël Maganga, un « chasseur de virus » et « spécialiste des chauves-souris » qui travaille dans le « P4 », un laboratoire ultra-sécurisé situé dans l’une des ailes du Centre international de recherche médicales de Franceville. Ce laboratoire ultramoderne a été construit trois ans après l’émergence du virus Ébola au Zaïre en 1976. Depuis, plusieurs flambées épidémiques de cette fièvre hémorragique ont eu lieu en Afrique centrale de l’Ouest, dont une très meurtrière (10 000 morts) en 2014. On sait aujourd’hui que les chauves-souris sont les réservoirs naturels des virus Ébola. La contamination humaine provient essentiellement de la manipulation de viande de brousse, notamment de singes infectés ou de chauves-souris.

 

L’équipe s’est alors rendue avec Gaël Maganga dans les villages où la viande de brousse est consommée ainsi que dans les grottes où se trouvent des chauves-souris. Elle a été soumise à un régime alimentaire très mince : impossible de trouver un restaurant ou une épicerie aux bords de la piste cabossée qui l’a conduite de Franceville à Makokou (dix heures de voyage). Sur la route, la roue d’un 4X4 a carrément lâché ! Pour la réparer, les chauffeurs ont prélevé un boulon sur les roues des deux autres véhicules ! Pas vraiment rassurant ! Au final, notre équipe s’est essentiellement nourrie de ... bananes. 

 

 

                                                                                                                        Dépannage maison (crédits: Marie-Monique Robin)

 

Malgré les (multiples) péripéties, le jeu en valait la chandelle :  notre équipe de choc a pu rencontrer les villageois, les accompagner pendant la chasse et comprendre la manière dont ils envisagent leur rapport à leur environnement, leur alimentation et la gestion de leurs ressources. Rappelons que le Gabon est recouvert à 90% de forêt tropicale, et que l’agriculture et l’élevage y sont très peu pratiqués. Dans les villages, on se nourrit donc essentiellement de viande de brousse, ce qui évidemment pose des problèmes (conservation des espèces menacées, santé) qui seront abordés dans le film.

 

 

                                                                                                          Des animaux sauvages chassés pour leur viande (crédits:Marie-Monique Robin)

 

Ce voyage a aussi permis d’observer le travail de sensibilisation que Gaël Maganga mène avec les populations rurales qui sont fortement exposées à la circulation de maladies, à travers notamment la viande de brousse. Sans compter la vue des impressionnantes grottes à chauves-souris que notre équipe, habillée comme des cosmonautes, a pu filmer grâce à des caméras infra-rouge. « Des images exceptionnelles », a commenté le virologue gabonais, qui a été impressionné par le professionnalisme de nos techniciens et l’ampleur des moyens déployés. 

 

 

                                                                                                L'équipage en tenue ! (crédits: Marie-Monique Robin)

 

Aujourd’hui nous avons hâte de continuer ce tournage. A l’heure où nous écrivons, le voyage en Éthiopie a été repoussé à cause de complications administratives. Nous avions obtenu le soutien de l’ambassade de France en Éthiopie, de l’ambassade d’Éthiopie en France ainsi que l’accord de l’État Fédéral pour venir tourner mais des complications sont advenues dans nos relations avec la région Somali (l’Éthiopie est un pays fédéral). Nous repoussons donc avec regret ce voyage. Avant décembre nous aurons aussi à tourner à Madagascar et en Thaïlande. Le tournage à Madagascar est déjà prévu pour début décembre. Quant à la Thaïlande, nous sommes toujours dans l’attente du retrait de la quarantaine obligatoire à l’arrivée pour pouvoir organiser le tournage et enfin rencontrer notre collaborateur privilégié : Serge Morrand !

 

Histoire à suivre …. ;)

 

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On vous raconte tout !

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                                                                                                          Le laboratoire P4 À Franceville (crédits: Kévin Vincent)

 

Pour les membres de la production et de la réalisation, l’œuvre documentaire est l’accomplissement de plusieurs mois de travail, parfois plusieurs années. Aussi, voir s’écouler le fruit de ces mois passés en quelques dizaines de minutes devant les yeux de ceux et celles qui le visionnent donne parfois un sentiment de vertige. On se rend compte du travail accompli, de la densité des échanges, des rencontres, des moments que l’on a vécu qui ne sont pas racontés dans le film, mais qui à nos yeux, transpirent irrésistiblement en sous texte, s’échappent des images.

 

Ce sont ces transpirations que nous souhaitons partager avec vous. Un plongeon dans les rouages de la production du film avec à la clé, une nouvelle perception du sujet. Alors comment se passe le tournage, quels sont les moments qui nous marquent, où en sommes-nous ?

 

Le tournage a commencé au printemps dernier. L’équipe est composée de Marie-Monique Robin, de Guillaume Martin (cameraman), de Kevin Vincent (cameraman), de Laurent Langlois (preneur de son et droniste) ainsi bien-sûr de Juliette Binoche, comédienne !

 

                                                                                                  Tournage aux États-Unis : vive le système D ! (crédits: Marie-Monique Robin)

 

Tous les membres de l’équipe sont expérimentés et nous gardons la même tout le long du tournage. Beaucoup nous ont demandé pourquoi nous ne faisions pas appel à des équipes de tournage sur place pour économiser les frais de déplacement. Pour nous, il est primordial que ce soit toujours la même équipe qui se déplace. D’abord pour des raisons éthiques : employer les intermittents sur l’ensemble du projet participe à leur assurer une stabilité financière. Et puis pour des raisons liées à la qualité du film : le fait qu’il y ait toujours les mêmes personnes permet la constitution d’une bonne dynamique de tournage, les mêmes qualités d’image ainsi qu’une cohérence globale dans la manière de filmer, c’est très important pour nous !

 

L’équipe a déjà filmé en France, en Suisse, au Mexique, en Guyane, au Gabon et aux États-Unis.  Organiser les tournages en temps de pandémie mondiale, ça n’est pas évident. Il faut faire des demandes supplémentaires pour justifier le fameux  « motif impérieux » de voyage à l’étranger, s’ajuster à la situation sanitaire du pays ainsi qu’aux contraintes qui l’accompagnent (test, quarantaines, etc). Chaque tournage est un pari et il nous arrive parfois d’obtenir la confirmation que le tournage pourra se faire, quelques jours avant le départ. Comme pour les États-Unis où nous avons obtenu le fameux « NIE (National Interest Exception) », sésame d’entrée pour ce pays trois jours avant le départ !

 

 

                                                                                                   Tournage au Mexique : Marie-Monique Robin en pleine action ! Crédit: Kévin Vincent

 

Les lieux de tournages sont souvent des lieux extraordinaires. Une des expériences les plus marquantes a été le tournage au Gabon. L’équipe y est allée pour rencontrer Gaël Maganga, un « chasseur de virus » et « spécialiste des chauves-souris » qui travaille dans le « P4 », un laboratoire ultra-sécurisé situé dans l’une des ailes du Centre international de recherche médicales de Franceville. Ce laboratoire ultramoderne a été construit trois ans après l’émergence du virus Ébola au Zaïre en 1976. Depuis, plusieurs flambées épidémiques de cette fièvre hémorragique ont eu lieu en Afrique centrale de l’Ouest, dont une très meurtrière (10 000 morts) en 2014. On sait aujourd’hui que les chauves-souris sont les réservoirs naturels des virus Ébola. La contamination humaine provient essentiellement de la manipulation de viande de brousse, notamment de singes infectés ou de chauves-souris.

 

L’équipe s’est alors rendue avec Gaël Maganga dans les villages où la viande de brousse est consommée ainsi que dans les grottes où se trouvent des chauves-souris. Elle a été soumise à un régime alimentaire très mince : impossible de trouver un restaurant ou une épicerie aux bords de la piste cabossée qui l’a conduite de Franceville à Makokou (dix heures de voyage). Sur la route, la roue d’un 4X4 a carrément lâché ! Pour la réparer, les chauffeurs ont prélevé un boulon sur les roues des deux autres véhicules ! Pas vraiment rassurant ! Au final, notre équipe s’est essentiellement nourrie de ... bananes. 

 

 

                                                                                                                        Dépannage maison (crédits: Marie-Monique Robin)

 

Malgré les (multiples) péripéties, le jeu en valait la chandelle :  notre équipe de choc a pu rencontrer les villageois, les accompagner pendant la chasse et comprendre la manière dont ils envisagent leur rapport à leur environnement, leur alimentation et la gestion de leurs ressources. Rappelons que le Gabon est recouvert à 90% de forêt tropicale, et que l’agriculture et l’élevage y sont très peu pratiqués. Dans les villages, on se nourrit donc essentiellement de viande de brousse, ce qui évidemment pose des problèmes (conservation des espèces menacées, santé) qui seront abordés dans le film.

 

 

                                                                                                          Des animaux sauvages chassés pour leur viande (crédits:Marie-Monique Robin)

 

Ce voyage a aussi permis d’observer le travail de sensibilisation que Gaël Maganga mène avec les populations rurales qui sont fortement exposées à la circulation de maladies, à travers notamment la viande de brousse. Sans compter la vue des impressionnantes grottes à chauves-souris que notre équipe, habillée comme des cosmonautes, a pu filmer grâce à des caméras infra-rouge. « Des images exceptionnelles », a commenté le virologue gabonais, qui a été impressionné par le professionnalisme de nos techniciens et l’ampleur des moyens déployés. 

 

 

                                                                                                L'équipage en tenue ! (crédits: Marie-Monique Robin)

 

Aujourd’hui nous avons hâte de continuer ce tournage. A l’heure où nous écrivons, le voyage en Éthiopie a été repoussé à cause de complications administratives. Nous avions obtenu le soutien de l’ambassade de France en Éthiopie, de l’ambassade d’Éthiopie en France ainsi que l’accord de l’État Fédéral pour venir tourner mais des complications sont advenues dans nos relations avec la région Somali (l’Éthiopie est un pays fédéral). Nous repoussons donc avec regret ce voyage. Avant décembre nous aurons aussi à tourner à Madagascar et en Thaïlande. Le tournage à Madagascar est déjà prévu pour début décembre. Quant à la Thaïlande, nous sommes toujours dans l’attente du retrait de la quarantaine obligatoire à l’arrivée pour pouvoir organiser le tournage et enfin rencontrer notre collaborateur privilégié : Serge Morrand !

 

Histoire à suivre …. ;)

 

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