22/02/2024

La nature en ville [Épisode 2] les Lentillères de Dijon, vers une zone d’écologies communale [ZEC] ?

Le projet « Vive les microbes ! » montrera que notre éloignement des milieux biodivers nous affaiblit et nous expose davantage aux maladies inflammatoires et potentiels virus. Les implications politiques de ce constat sont conséquentes : il faut repenser la cité et nos contacts avec les éléments naturels.

L’histoire du quartier des Lentillères de Dijon et de leur expérimentation juridique autour de la ZEC est en ce sens particulièrement inspirante. Elle nous montre la nécessité de considérer la parole et l’autonomie des habitant.es dans les processus de promotion de la biodiversité en ville.

 

Quartier libre des Lentillères. Photo extraite de la brochure « ZEC : Tordre le droit pour défendre les Lentillères ». https://lentilleres.potager.org/zec-tordre-le-droit-pour-defendre-les-lentilleres/

 

Mais qu’est-ce exactement que la ZEC, "zone d’écologies communale » (sic) ? Il s’agit d’un nouvel outil, imaginé pour favoriser la préservation de la biodiversité et l'auto-gestion dans l'aménagement du territoire urbain. Une ingénieuse idée qui a été proposée par les habitant·es et usagèr⋅es des Lentillères au maire de Dijon à l’occasion de la défense d’une zone occupée contre la construction d’un…. éco-quartier !

 

L’urbanisme vert contre l’auto-gestion des lieux

 

Tout commence au début des années 2010 alors que le maire prévoit de construire un éco-quartier sur des friches maraîchères et industrielles de la ville. Des habitant.es montent une occupation, cultivent, habitent, manifestent, se nourrissent. En 2019, le maire abandonne le projet d’éco-quartier mais prévient qu’à moins de contracter un bail pour cultiver en tant que maraîchers, les habitant.es des Lentillères devront quitter la zone.

 

Les occupant.es répondent à l’annonce du maire par une lettre « Nous la jouerons collectif » : ils ne cèdent pas à la tentation de la division, mais au contraire se montrent prêt.es à toute éventuelle régularisation à condition que leur parole soit entendue, qu’ils puissent garder les terres qu’eux seuls ont su chérir, et bien-sûr qu’il n’y ait pas d’individualisation des démarches.

 

Des groupes de travail se forment et une idée émerge : il s’agirait de « tordre » le PLU (plan local d’urbanisme), le document que la mairie met en place pour réglementer les usages du sol. Les usages possibles du PLU son assez standards : il y a les Zones Urbaines (ZU), les Zones À Urbaniser, (ZAU), les Zones Agricoles (ZA) et les Zones Naturelles (ZN). En se penchant sur la documentation, ils constatent que malgré l’annonce du maire, la zone des Lentillères est toujours catégorisée comme « zone à urbaniser ». Ils attaquent le PLU en justice et élaborent donc cette nouvelle catégorie plus adaptée à la singularité de leur expérience : la « zone d’écologie partagée ».

 

 

Bureau Pirate du quartier libre des Lentillères. Photo extraite de la brochure « ZEC : Tordre le droit pour défendre les Lentillères ». https://lentilleres.potager.org/zec-tordre-le-droit-pour-defendre-les-lentilleres/

 

Pour des écologies communales

 

Sur la brochure de présentation (disponible en intégralité ici) on lit : « nous ne croyons pas à "l'écologie" comme science technique et autoritaire, dictant la bonne conduite à avoir pour préserver la "nature". On pense plutôt qu'il y a « des écologies » : des manières nombreuses d’être en relation respectueuse avec son environnement ou son milieu, d’en utiliser les ressources sans les épuiser. Des manières qui varient suivant la complexité des situations. »

 

Dans les mots des occupant(e)s des Lentillères, ces écologies sont « communales » car les lieux occupés sont gérés de manière commune. Avec leur ZEC, ils et elles posent une pierre dans le jardin du planificateur urbain : un concept réglementaire réellement utile à la vie et dérogatoire au modèle de la propriété privée.

 

Le zonage est ainsi construit sur la base de l’existant, il doit permettre « la pluralité de formes d’occupation des sols pourvu que leurs usages soient durables. » « S'y entremêlent de l’habitat, des espaces cultivés, des espaces communs, des espaces de nature, etc. ». Le zonage prône l’auto-gestion -- puisque les décisions sur les usages futurs doivent être prises en assemblée générale -- et la mixité sociale : « les usages ne doivent comporter aucun caractère financier discriminant, et être accessibles aux personnes de toute origine sociale. »

 

Jusqu’ici, aucune réponse de la mairie n’a été faite à cette proposition au riche potentiel. Pourtant, les occupants ont montré depuis maintenant plus de 13 ans leur attachement et leur bonne gestion du lieu.  On compte à ce jour plus de 80 jardins et espaces de culture collectifs !

 

 

 

 

 


 

 

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L’histoire du quartier des Lentillères de Dijon et de leur expérimentation juridique autour de la ZEC est en ce sens particulièrement inspirante. Elle nous montre la nécessité de considérer la parole et l’autonomie des habitant.es dans les processus de promotion de la biodiversité en ville.

 

Quartier libre des Lentillères. Photo extraite de la brochure « ZEC : Tordre le droit pour défendre les Lentillères ». https://lentilleres.potager.org/zec-tordre-le-droit-pour-defendre-les-lentilleres/

 

Mais qu’est-ce exactement que la ZEC, "zone d’écologies communale » (sic) ? Il s’agit d’un nouvel outil, imaginé pour favoriser la préservation de la biodiversité et l'auto-gestion dans l'aménagement du territoire urbain. Une ingénieuse idée qui a été proposée par les habitant·es et usagèr⋅es des Lentillères au maire de Dijon à l’occasion de la défense d’une zone occupée contre la construction d’un…. éco-quartier !

 

L’urbanisme vert contre l’auto-gestion des lieux

 

Tout commence au début des années 2010 alors que le maire prévoit de construire un éco-quartier sur des friches maraîchères et industrielles de la ville. Des habitant.es montent une occupation, cultivent, habitent, manifestent, se nourrissent. En 2019, le maire abandonne le projet d’éco-quartier mais prévient qu’à moins de contracter un bail pour cultiver en tant que maraîchers, les habitant.es des Lentillères devront quitter la zone.

 

Les occupant.es répondent à l’annonce du maire par une lettre « Nous la jouerons collectif » : ils ne cèdent pas à la tentation de la division, mais au contraire se montrent prêt.es à toute éventuelle régularisation à condition que leur parole soit entendue, qu’ils puissent garder les terres qu’eux seuls ont su chérir, et bien-sûr qu’il n’y ait pas d’individualisation des démarches.

 

Des groupes de travail se forment et une idée émerge : il s’agirait de « tordre » le PLU (plan local d’urbanisme), le document que la mairie met en place pour réglementer les usages du sol. Les usages possibles du PLU son assez standards : il y a les Zones Urbaines (ZU), les Zones À Urbaniser, (ZAU), les Zones Agricoles (ZA) et les Zones Naturelles (ZN). En se penchant sur la documentation, ils constatent que malgré l’annonce du maire, la zone des Lentillères est toujours catégorisée comme « zone à urbaniser ». Ils attaquent le PLU en justice et élaborent donc cette nouvelle catégorie plus adaptée à la singularité de leur expérience : la « zone d’écologie partagée ».

 

 

Bureau Pirate du quartier libre des Lentillères. Photo extraite de la brochure « ZEC : Tordre le droit pour défendre les Lentillères ». https://lentilleres.potager.org/zec-tordre-le-droit-pour-defendre-les-lentilleres/

 

Pour des écologies communales

 

Sur la brochure de présentation (disponible en intégralité ici) on lit : « nous ne croyons pas à "l'écologie" comme science technique et autoritaire, dictant la bonne conduite à avoir pour préserver la "nature". On pense plutôt qu'il y a « des écologies » : des manières nombreuses d’être en relation respectueuse avec son environnement ou son milieu, d’en utiliser les ressources sans les épuiser. Des manières qui varient suivant la complexité des situations. »

 

Dans les mots des occupant(e)s des Lentillères, ces écologies sont « communales » car les lieux occupés sont gérés de manière commune. Avec leur ZEC, ils et elles posent une pierre dans le jardin du planificateur urbain : un concept réglementaire réellement utile à la vie et dérogatoire au modèle de la propriété privée.

 

Le zonage est ainsi construit sur la base de l’existant, il doit permettre « la pluralité de formes d’occupation des sols pourvu que leurs usages soient durables. » « S'y entremêlent de l’habitat, des espaces cultivés, des espaces communs, des espaces de nature, etc. ». Le zonage prône l’auto-gestion -- puisque les décisions sur les usages futurs doivent être prises en assemblée générale -- et la mixité sociale : « les usages ne doivent comporter aucun caractère financier discriminant, et être accessibles aux personnes de toute origine sociale. »

 

Jusqu’ici, aucune réponse de la mairie n’a été faite à cette proposition au riche potentiel. Pourtant, les occupants ont montré depuis maintenant plus de 13 ans leur attachement et leur bonne gestion du lieu.  On compte à ce jour plus de 80 jardins et espaces de culture collectifs !

 

 

 

 

 


 

 

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